1 octobre 2025

Contexte juridique et mise en perspective
Lorsqu’un salarié est licencié pour faute grave, il se retrouve souvent en état de sidération. Perdre son emploi du jour au lendemain, sans indemnité de licenciement ni préavis, est une expérience violente à vivre. Pourtant, nombreux sont ceux qui ignorent qu’ils disposent d’un droit de contestation, mais surtout que ce droit est encadré par un délai strict.
Pourquoi le délai de contestation est essentiel
Le délai pour agir n’est pas qu’un détail administratif. Il détermine votre capacité à faire valoir vos droits devant le Conseil de prud’hommes. Passé ce délai, même un licenciement injustifié devient légalement incontestable. Cela signifie que peu importe les fautes de procédure ou le manque de fondement de votre licenciement, vous perdez le droit de remettre la décision en cause.
Chez Monciero Avocat, nous rencontrons trop souvent des salariés qui auraient pu contester... s’ils avaient agi à temps. C’est pourquoi comprendre ce délai est la première étape vers une défense efficace.
Le cadre légal actuel – uniformisation à 12 mois
L’article L. 1471‑1 fixe une règle simple : le salarié dispose de 12 mois pour agir.
Attention : il existe des exceptions notables que nous verrons plus loin. Mais dans la majorité des cas, ce délai de 12 mois s’applique.
Délai de contestation : rappel officiel
En matière de licenciement pour faute grave, le délai pour contester est encadré strictement par la loi. Connaître ce délai et savoir quand il commence est fondamental pour protéger vos droits.
Quelle durée ? Les 12 mois selon le Code du travail
L’article L.1471‑1 du Code du travail est clair : un salarié dispose d’un délai d’un an à compter de la notification de la rupture pour saisir le Conseil de prud’hommes et contester son licenciement, quelle qu’en soit la cause, y compris une faute grave.
Cela signifie que vous avez exactement 12 mois à partir de la date de réception de la lettre de licenciement, et non de la date d’envoi ou de l’entretien préalable.
Ce délai s’applique que vous contestiez la motivation du licenciement, la procédure ou même l’existence de la faute grave invoquée.
Début du délai : réception de la lettre (et non de l’envoi)
Le point de départ du délai est le lendemain de la réception de la lettre de licenciement. Cela a été rappelé dans une décision de la Cour de cassation du 21 mai 2025, n°24-10.009, qui confirme que :
le délai de prescription de l'action en contestation de la rupture du contrat de travail court à compter de la date de réception par le salarié de la lettre recommandée avec demande d'avis de réception notifiant la rupture.
(...)
le jour pendant lequel se produit un événement d'où court un délai de prescription ne compte pas dans ce délai.
Ainsi, si la lettre de licenciement est reçue le 10 septembre 2025, le délai commence à courir le 11 septembre 2025 et le salarié a jusqu’au 11 septembre 2026 pour saisir le Conseil de prud’hommes.
Conseil pratique : conservez l’enveloppe et l’avis de réception de votre courrier. Ils constituent une preuve essentielle en cas de litige sur la date.
Exceptions au délai : ce qu’il faut absolument connaître
Si la règle générale fixe un délai de 12 mois pour contester un licenciement pour faute grave, il existe des exceptions importantes. Les connaître permet d’éviter de passer à côté d’un recours possible ou, au contraire, de mal estimer le temps qu’il vous reste.
Solde de tout compte signé sans réserve : attention au délai de 6 mois
Lorsque le salarié signe un reçu pour solde de tout compte, cela peut réduire son délai de contestation du solde de tout compte (et non du licenciement!) à 6 mois, si aucune réserve n’est émise.
Exemple : si vous signez le document, vous ne pourrez plus contester les sommes versées après 6 mois.
⚠️ Cette règle concerne uniquement les aspects financiers du solde de tout compte, mais pas le licenciement en lui-même. Pour la contestation de la rupture du contrat, le délai de 12 mois reste en principe applicable.
Conseil : ne signez jamais ce document à la légère. Prenez le temps de l’analyser ou faites-le relire par un avocat en droit du travail.
Vous n’êtes d’ailleurs pas obligé de le signer même si votre employeur vous affirme le contraire.
L’employeur ne peut également pas conditionner le paiement de votre solde de tout compte à la signature du reçu pour solde de tout compte.
Cas de nullité : discrimination, harcèlement ou atteinte aux droits fondamentaux
Il existe des cas où le délai de prescription est beaucoup plus long, car la loi considère qu’il s’agit de violations graves de vos droits fondamentaux. Il s’agit notamment de :
Licenciement discriminatoire (sexe, origine, handicap…)
Licenciement en lien avec un harcèlement moral ou sexuel
Atteinte à la liberté d’expression ou à un droit fondamental
Violation du droit de grève
Dans ces cas, le salarié dispose de 5 ans pour agir, conformément à la prescription civile de droit commun (article 2224 du Code civil).
Autrement dit, même si vous êtes au-delà du délai classique d’un an, il est parfois encore possible d’agir si vous prouvez que votre licenciement viole une liberté fondamentale.
Exemple : une salariée licenciée après avoir dénoncé un harcèlement peut encore saisir les prud’hommes plusieurs années plus tard, même si le motif avancé est une faute grave.
Alternatives et sources de confusion
Voici comment éviter les pièges qui circulent sur internet :
Lisez-vous parfois 2 ans ? Pourquoi cette erreur circule
Avant la réforme du Code du travail par les ordonnances Macron de 2017, le délai pour contester un licenciement était de 2 ans. Cette information est encore parfois relayée sur certains sites non à jour ou mal référencés.
Attention : tout article ou conseil juridique mentionnant un délai de 2 ans pour saisir les prud’hommes à propos d’un licenciement est obsolète.
Depuis 2017, l’article L.1471-1 du Code du travail a réduit ce délai à 12 mois, dans un objectif d’unification des recours. Cela vaut pour tous les licenciements, y compris pour faute grave. Sauf exceptions rappelées ci-dessus.
Conseil : vérifiez la date de publication de vos sources juridiques. En cas de doute, tournez-vous vers un avocat ou un site d’information à jour.
Vérifier les circonstances : rupture conventionnelle, transaction ou abandon de poste
Ainsi, ce n’est pas uniquement la gravité de la faute reprochée qui détermine le délai, mais bien la nature de la rupture du contrat.
Recommandations concrètes pour agir
Connaître le délai, c’est une chose. Mais savoir comment réagir concrètement pour ne pas perdre ses droits en est une autre. Voici les étapes essentielles à suivre dès que vous recevez une lettre de licenciement pour faute grave.
Calendrier à respecter notions de notification, décompte, point de départ
Jour de réception de la lettre : conservez précieusement l’enveloppe et l’accusé de réception.
Le lendemain de cette réception marque le début du délai d’un an pour saisir les Prud’hommes.
Notez la date limite dans votre agenda ou faites-la confirmer par un professionnel pour éviter toute erreur.
Exemple : vous recevez votre lettre le 3 septembre. Le délai commence le 4 septembre. Vous avez jusqu’au 4 septembre de l’année suivante pour agir.
Moyens d’action : courrier recommandé, Prud’hommes, conciliation, indemnités possibles
Voici les leviers à votre disposition :
Lettre de contestation à l’employeur (optionnelle mais utile pour montrer votre désaccord et envisager une négociation amiable).
Saisine du Conseil de prud’hommes via un formulaire ou une requête rédigée par un avocat.
Possibilité d’un règlement amiable en conciliation.
En cas de succès : indemnités pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, indemnités de préavis, dommages et intérêts.
Astuce : il est tout à fait possible d’engager une procédure même si vous avez retrouvé un emploi entre-temps. La réparation du préjudice passé reste valable.
Importance de ne pas attendre : irrecevabilité en cas de retard
Au-delà du délai d’un an, votre demande sera déclarée irrecevable, même si elle est fondée. Aucune audience, aucun débat, aucun recours : vous perdez votre droit à être entendu.
C’est une des rares règles procédurales sans échappatoire. Agir à temps, c’est préserver ses droits.
Conclusion
Être licencié pour faute grave est une épreuve, souvent vécue comme une injustice. Mais si vous estimez que la décision est infondée ou que la procédure a été bâclée, vous avez le droit de contester. Encore faut-il le faire à temps. En effet, le délai pour agir est strict : 12 mois, ni plus ni moins, à compter de la réception de la lettre de licenciement.
Chez Monciero Avocat, nous savons qu’un bon dossier se construit dès les premiers jours. Une date mal comprise, un solde de tout compte signé trop vite, et la contestation peut devenir impossible, même avec le meilleur dossier. C’est pourquoi nous vous aidons à sécuriser chaque étape, à préserver vos chances, et à transformer cette situation en opportunité de réparation.
Vous venez de recevoir une lettre de licenciement pour faute grave ? N’attendez pas. Parlons-en dès maintenant pour faire valoir vos droits sans risquer de perdre un temps précieux.
Auteur
Jean-Gabriel Monciero
Avocat à la Cour
Depuis plus de 10 ans, le cabinet Monciero Avocat dédie entièrement son expertise en droit du travail et en droit social au service des salariés et notamment des cadres.