4 décembre 2025

Le licenciement pour faute grave correspond à une rupture immédiate du contrat de travail motivée par un comportement du salarié jugé incompatible avec son maintien dans l’entreprise.
Concrètement, cela signifie :
Rupture sans préavis (article L1234-1 du Code du travail : le préavis n’est pas dû en cas de faute grave ou lourde)
Suppression de l’indemnité de licenciement
Une sortie rapide et souvent brutale de l’entreprise
Droits supprimés ou réduits
1. Absence de préavis
En cas de faute grave, le salarié ne perçoit pas d’indemnité compensatrice de préavis, et ce même s’il a plusieurs années d’ancienneté. Le contrat est rompu immédiatement, dès la notification du licenciement.
Exemple : un cadre avec 10 ans d’ancienneté peut perdre jusqu’à 3 mois de salaire (ou plus) s’il est licencié pour faute grave.
2. Suppression de l’indemnité de licenciement
La faute grave entraîne également la perte de l’indemnité légale ou conventionnelle de licenciement (article L1234-9 du Code du travail). Cette règle s’applique même si le salarié a de nombreuses années de service.
⚠️ Attention : seul le licenciement pour faute grave ou lourde fait perdre au salarié le droit à cette indemnité.
3. Maintien de l’indemnité de congés payés
Le salarié conserve toutefois son indemnité compensatrice de congés payés (article L3141-28 du Code du travail).
⚖️ même en cas de faute grave, le salarié conserve son droit aux congés acquis non pris.
4. Documents de fin de contrat obligatoires
Malgré la gravité du motif, l’employeur reste tenu de remettre :
Le solde de tout compte
Le certificat de travail
L’attestation Pôle emploi
Ce que le salarié conserve
1. Droit aux allocations chômage
Contrairement à une idée reçue, un licenciement pour faute grave (et même pour faute lourde) n’exclut pas le bénéfice des allocations chômage. Le salarié peut percevoir l’ARE (aide au retour à l’emploi) dès lors que :
Il a travaillé suffisamment longtemps (conditions d’affiliation)
Il est inscrit à France travail
Il respecte les obligations classiques (recherche active, disponibilité…)
2. Droit de contester le licenciement
Le salarié conserve le droit de contester le motif de licenciement devant le Conseil de Prud’hommes, notamment si :
La faute est mal caractérisée
La procédure a été irrégulière
Il existe des circonstances atténuantes
Astuce : la charge de la preuve de la faute grave repose sur l’employeur. Un dossier solide peut faire tomber une faute grave mal qualifiée.
Conséquences financières et morales
1. Pertes de revenus immédiates
Le licenciement pour faute grave entraîne une perte brutale de revenus :
Pas de préavis payé
Pas d’indemnité de licenciement
Cela peut créer une instabilité financière importante, notamment pour les salariés ayant des charges fixes élevées puisque les allocations chômage sont très nettement inférieures aux salaires qu’ils percevaient.
2. Impact sur la réputation
Être licencié pour faute grave peut dégrader l’image professionnelle du salarié, surtout si :
L’entreprise en parle à des partenaires ou clients
Des collègues relaient les faits reprochés
Le salarié cherche un nouvel emploi dans le même secteur
Ce risque est amplifié dans les secteurs restreints ou à haut niveau de responsabilité, à ce titre la jurisprudence reconnaît un droit à indemnisation en cas d’atteinte à la réputation du salarié (Cass. soc., 16 févr. 2022, n°20-20.648).
Conseil : en cas de négociation, demandez à ce que l’employeur s’engage à la confidentialité pour préserver votre avenir professionnel.
3. Répercussions psychologiques
Un licenciement pour faute grave est souvent perçu comme une humiliation ou une injustice, avec :
Sentiment de dévalorisation
Perte de confiance en soi
Stress, anxiété, isolement
⚠️ Ces conséquences ne sont pas “accessoires” : elles sont reconnues par les juges comme ouvrant droit à une indemnisation pour préjudice moral en cas de requalification.
Scénarios de requalification ou de remise en cause
1. Requalification en licenciement sans cause réelle et sérieuse
Si les Prud’hommes estiment que la faute grave n’est pas prouvée le licenciement peut être requalifié. Le salarié peut alors obtenir :
Indemnité légale ou conventionnelle de licenciement
Indemnité compensatrice de préavis
Dommages et intérêts selon le barème Macron
2. Réintégration (cas exceptionnels)
Dans les cas de nullité du licenciement (discrimination, harcèlement, violation de liberté fondamentale), le salarié peut demander sa réintégration dans l’entreprise.
Conseil : la réintégration est souvent un levier de négociation pour obtenir une indemnisation renforcée.
Conseils pratiques pour limiter les effets négatifs
1. Recueillir et conserver les preuves
Dès l’annonce du licenciement (voire avant, si la tension monte), il est crucial de :
Archiver ses mails, messages, convocations
Noter les faits et dates clés
Demander les documents de fin de contrat par écrit
Recueillir des témoignages
Astuce : un simple échange d’e-mails peut suffire à démontrer une absence de faute réelle.
2. Saisir les Prud’hommes dans les délais
Sauf exception, le salarié dispose de 12 mois pour contester un licenciement, à compter de la notification par lettre recommandée.
⚠️ Passé ce délai, il n’est plus possible d’agir, même si le licenciement est manifestement abusif.
Conseil : mieux vaut saisir rapidement les Prud’hommes, quitte à étoffer le dossier par la suite.
3. Se faire accompagner
Face à un licenciement pour faute grave, il est essentiel de ne pas rester seul :
Un avocat en droit du travail pourra évaluer la solidité du dossier
Un syndicat peut appuyer la démarche
Une protection juridique (assurance) peut financer la procédure
Monciero Avocat accompagne régulièrement des salariés et notamment des cadres licenciés pour faute grave, avec des résultats concrets en matière de négociation ou de procédure judiciaire.
Un licenciement pour faute grave bouleverse une carrière : rupture immédiate, perte d’indemnités, pression financière, atteinte à la réputation… Mais ce type de rupture est toujours contestable. À la moindre erreur de qualification ou de procédure, le salarié peut obtenir réparation.
Chez Monciero Avocat, nous nous battons pour rétablir l’équilibre entre employeurs et salariés. Si vous êtes confronté aux conséquences d’un licenciement pour faute grave, contactez-nous. Ensemble, nous pourrons analyser votre dossier, envisager les recours et protéger votre avenir professionnel.
Auteur
Jean-Gabriel Monciero
Avocat à la Cour
Depuis plus de 10 ans, le cabinet Monciero Avocat dédie entièrement son expertise en droit du travail et en droit social au service des salariés et notamment des cadres.





